Bonjour,
Technicienne de rivière dans l'Ain au SMISA (Syndicat du Suran), je dois mener un projet de protection de lagune. C'est sur un petit affluent du Suran. L'enrochement qui protège l'exutoire de la lagune se délabre. Une famille de castors s'est installé dans le secteur (repro avérée en 2012), ils ont élaborés un très beau barrage à 5 m en amont de l’exutoire de la lagune ce qui renforce le mécanisme d'érosion. Il faudrait refaire l'enrochement avec une touche de génie végétal mais pas évident de ne pas toucher au barrage du castor (en plus, son terrier hutte est pas loin)! De plus, si le barrage est abandonné ou détruit, je ne sais pas ce que ça peut donner par la suite. Bref, si vous avez des retours d'expérience sur ce genre de travaux en situation délicate, je suis preneuse!!
Merci!!
Marie Vasseur
Technicienne de rivière
Syndicat du Suran (SMISA) dans l'Ain (et le Jura).
Salut,
Je ne suis pas un pro en la matière, mais si l'enjeu protection de la lagune est important et qu'il n'y a pas moyen de faire autrement, dans certains cas "une dérogation de destruction d'habitat d'espece protegée" est possible ...
Tout ça doit se passer au niveau de la DREAL, il faut associer également la DDT, l'ONCFS et l'ONEMA....Ca c'est déjà produit dans plusieurs endroits de la Drôme d'après des choses dont j'ai entendu parler ici ou là...
Cependant et avant d'aller dans la destruction, il est important de pouvoir proposer une atlernative technique, il est peut être envisageable de dégager un peu les bois sur la rive droite, reprendre l'enrochement, puis passer de l'autre coté etc .... sans détruire reellement le coeur du barrage ! De toute manière, si les animaux sont actifs dans le secteur, ils reconstruiront forcément la partie endommagée et de manière plus solide qu'avant... ! Mais bon sans photo et connaissance du site , ce n'est jamais évident de répondre à l'écrit.
Autrement, ce que tu entends par génie végétal, c'est bouturer du saule entre les blocs d'enrochement ? ou bien reellement un aménagement en GV du style fascinage, couche de branches ... quoiqu'il en soit il faudra penser aussi à la suite en terme de protection des jeunes pousses, car elles ne vont pas faire long feu !
Pour finir sur un point de vu perso, bien que ce type de projet soit souvent compliqué à mettre en place (entre les "on ne touche à rien", la loi et les davy crockett) le contexte est tout de même interessant et ça peut être une bonne expérience !
Bonne continuation.
Cyril RUHL
Technicien rivière au syndicat du Buëch (Hautes Alpes)
Salut Marie,
je confirme que Père Castor refera très probablement son barrage au même endroit et assez rapidement (perso sur mon BV un petit barrage détruit volontairement sur un cours d'eau de 5m de large a été refait en 4 nuits de boulot pour refaire le mikado). Surtout si la hutte n'est pas loin, c'est dans son secteur d'activité quotidienne.
Tu as probablement de l'incision sur ce tronçon de cours d'eau (?), c'est un barrage de quelle hauteur à peu près ?
L'incision est souvent le facteur obligeant le castor européen à faire des aménagements plus conséquents pour conserver une bonne ligne d'eau d'étiage en amont dans un cours d'eau souvent trop large et/ou incisé en lien avec d'anciens travaux de curage ou par érosion progressive/régressive depuis un autre tronçon.
Bon ce n'est pas un argument (genre "pas bien grave il refera bien son barrage") sur lequel il faut bâtir le projet mais c'est à savoir du point de vue de l'impact potentiel du projet sur cette espèce.
Pour le reste bon courage !!
Vincent (SM SERAN)
Merci pour vos réponses, en fait cette famille de castors a l'habitude d'être dérangée et plus les barrages sont détruits, plus ils les refont en amont (et là pile au niveau de l'exutoire de la lagune). Bref, ils s'adapteront certainement aux travaux.... L'enrochement est nécessaire pour protéger l’exutoire de la lagune, le GV, c'est pour accompagner en amont de l'enrochement, c'est un petit cours d'eau, ce ne sont pas de grands travaux.
Il s'agit d'un affluent du Suran (dans le Jura), avec pas mal d'érosion latérale, du coup le castor est obligé de faire des barrages pour conserver un peu d'eau pour se déplacer, bouffer à l'aise et faire son terrier. C'est un coin où il y a peu de ripisylve d'où la nécessité de protéger absolument ce qu'on pourra faire en GV. L'assoc militante du coin est bien présente et propose de faire un chantier de bénévoles pour la partie plantation de ripisylve mais je sens que l'agri qui a le pré sera difficile à convaincre....
Bref, affaire à suivre...
Bonjour Marie,
En complément : en plus des aspects réglementaires, là où il faut faire attention c'est que le barrage assure peut-être le niveau d'eau permettant à l'entrée du terrier-hutte principal (+ terriers huttes et terriers secondaires sans doute) d'être inondée.
Si le niveau d'eau baisse subitement et que le terrier-hutte devient facilement accessible pour des prédateurs, ou si la famille est obligée de déménager dans une phase délicate pour les petits ou pour la mère, ce n'est pas idéal pour la survie !
Par contre si le barrage assure un niveau d'eau suffisant dans un tronçon de cours d'eau utilisé "juste" pour se déplacer, les conséquences seront moins importantes.
L'idéal serait de faire une visite de terrain pour bien appréhender le territoire de la famille de castor et aussi d'adapter la période de travaux hors période de repro si le TH est concerné.
A bientôt
Véronique (LPO Rhône-Alpes)
Du coup, je m'aperçois que je ne vous ai pas tenu au courant, mais la vie de la famille des castors est sauve. Après quelques réunions, mes élus et moi-même avons convaincu la com com qui a la compétence assainissement de délocaliser l'exutoire de la lagune. En plus au lieu d'être sous forme de tuyau PVC, c'est un fossé où l'épuration pourra continuer à se faire, parfois les choses finissent bien!
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