contestation du classement des cours d'eau

Anonyme (non vérifié)

jeu 07/02/2013 - 10:07

A noter deux nouvelles actions d'association anti classement de cours d'eau :

Benoit D. (non vérifié)

jeu 07/02/2013 - 12:24

Je m'attendais à lire des inepties émanant d'une énième association anti-continuité écologique mais l'assoc de l'Auxois (voir lien ci-dessus) est visiblement composé de personnes qui réfléchissent et qui se pose des questions légitimes en tant que citoyen. On peut y lire des choses intéressantes que l'on entend rarement, surtout formulé dans des termes aussi précis. Extrait:

"Pour un vrai débat sur les priorités de l'eau :

Nous l'avions déjà signalé sur ce site, il n'est pas question pour l'association Hydrauxois de verser dans des simplifications stupides ("tous pourris"), dans des généralisations abusives ("la continuité écologique ne vaut rien") ni dans des conclusions insultantes ("tous les agents administratifs de l'eau sont malhonnêtes ou manipulés"). Cela ne correspond évidemment pas à la réalité.

En revanche, nous avons très tôt attiré l'attention sur la difficulté à accéder à l'information, sur la faiblesse des données disponibles par rapport à la vigueur affirmée des conclusions avancées, sur la place anormale de l'hydromorphologie par rapport aux indicateurs biologiques, physochimiques et chimiques de la qualité de l'eau, sur certaines contradictions techniques et scientifiques manifestes dans le discours public sur la qualité de l'eau.

Comme le montre l'analyse du journal Le Monde, nous payons aujourd'hui 12 années d'impréparation publique :

  • la mise en oeuvre chaotique de la Directive cadre européenne sur l'eau, visiblement bâclée d'un gouvernement l'autre depuis 2000 (la Cour des comptes avait tiré la sonnette d'alarme une première fois en 2010 dans son rapport sur les instruments de la politique durable de es spectaculaires mesures aux bénéfices environnementaux non réellement quantifiés ;
  • l'agitation un peu cosmétique autour du Grenelle, qui a laissé de côté les problèmes de fond des rivières pour mettre en avant quelques spectaculaires mesures aux bénéfices environnementaux non réellement quantifiés ;
  • l'incroyable dispersion et superposition des bases de données sur les paramètres de qualité de chacune des masses d'eau, bases qui devraient être au coeur d'une politique transparente de l'eau "fondée sur la preuve", et bases qui se trouvent aujourd'hui bien incapables de permettre une hiérarchisation des problèmes écologiques de nos rivières. (...)"

A méditer.

Jacques Pulou (non vérifié)

ven 08/02/2013 - 11:24

Qu'il y ait d'autres causes de dégradation de l'état de nos cours d'eau que les ruptures de continuités personne ne le conteste. Le site Hydrauxois avance l'argument souvent entendu de la soi-disant innocuité de l'équipement ancien de nos cours d'eau par les moulins et autres seuils qui existent depuis des siècles sur nos cours d'eau. Sans nier la pertinence de la question, il faut se garder de toute extrapolation du type : "les seuils et les moulins n'ont pas réussi à exterminer nombre d'espèces de nos cours d'eau, nous pouvons donc continuer dans le même sens sans risque d'exterminer quoi que ce soit".

1) l'impact réel de l'équipement préindustriel sur nos cours d'eau reste à établir qu'il s'agisse des moulins de toutes natures que des prélèvements pour l'irrigation et autres...

2) les capacités de résilience des écosystèmes ne sont plus les mêmes aujourd'hui que ce qu'elles étaient dans le passé : qualité des eaux et présence généralisée de polluants les plus divers dans tous nos cours d'eau, modification de l'hydrologie et de la thermique, sans oublier évidement plus de cent ans d'équipements hydroélectriques, d'artificialisation des cours d'eau,...

3) La différence de fond entre les conditions d'utilisation des eaux par les moulins et les seuils anciens et celles prévalant dans nos modernes établissements hydroélectriques : On n'arrose qu'en période estivale, les moulins ne travaillaient que lorsqu'il y avait matière à travailler. Les moulins à farine ne travaillaient que lorsqu'il y avait du grain à moudre, les foulons lorsqu'il y avait des draps, les moulins à papier lorsqu'il y avait des chiffons, Les moulins à tan lorsqu'il y avait des écorces, Il ne travaillait ni la nuit ni le dimanche ni les jours fériés encore plus nombreux sous l'ancien régime qu'aujourd'hui,... et on pourrait multiplier les exemples .... il fallait également que les moulins acceptent la présences d'autres usages aujourd'hui disparus : le flottage, le radelage ... bref il y avait beaucoup de période de chomage permettant aux moulins de rétablir un fonctionnement naturel des cours d'eau ... occasion qui disparaissent avec leur éventuelle utilisation hydroélectrique connectée au réseau qui conduit à turbiner 24h sur 24h, 7 jours sur 7, 365 j par an : contrairement aux installations autonomes, dans les installations connectées au réseau plus on turbine plus on gagne.

Autre différence l'augmentation des débits dérivés, l'utilisation de turbines modernes a décuplé les possibilités d'entonnement ce qui a fait disparaitre les surverses qui pouvaient dans certains cas être utilisées par les poissons que ce soit à la dévalaison ou à l'avalaison. Enfin même si le nombre des moulins existants en France à fait l'objet de bien des inventaires à partir de celui des subsistances de 1792, sans parler du célébre inventaire de 1809, rien ne démontre la simultanéité du fonctionnement de ces ouvrages qui ont pu être actifs à des éqpoques éloignées ce qui n'est bien sur plus le cas pour les installations hydroélectriques d'aujourd'hui fussent-ellles de petites taille.

Tout ceci montre que la petite hydroélectricité n'a rien à voir avec les anciens moulins même si elle tente de s'y fondre. Rappelons qu'une paire de meules demande une puissance réelle de quelques kW ce qui avec le rendement des anciennes roues peut conduire à des puissances brutes de quelques dizaines de kW alors que la puissance moyenne des micro-centrales en France est de 1000 kW et la limite supérieure est de 10.000 kW ... Au minimum 10 à 100 fois plus : une paille !

Comme dirait le vieux pére Descartes quand on étudie l'influence d'un paramètre sur une grandeur il faut prendre garde à ne faire varier qu'un seul paramètre à la fois ...ce qui peut se traduire de façon duale en écologie peut-être plus qu'ailleurs que lorsque l'on veut estimer des impacts il faut prendre en compte les effets de synergie et les effets cumulatifs...

Champetier (Hy… (non vérifié)

ven 08/02/2013 - 14:35

Bonjour

D'abord, merci de votre intérêt. Je me permets quelques remarques d'inégale importance.

  • Dans le dossier OCE sur les observations menées au XIXe siècle, nous distinguons clairement la petite de la moyen et grande hydraulique développées au XXe siècle. Le classement des rivières en l'état ne fait pas cette distinction. Une chaussée de 1,50 dont l'empierrement aval dessine une pente progressive n'est pas un petit barrage béton de 3 m. (Mon département le 21 est essentiellement concerné par des puissances très modestes de 5-100 kW, comme cela a été montré dans un autre dossier historique sur l'exmaen de 142 sites équipés en première partie de XXe siècle).
  • La pression des petites turbines (généralement des Francis) sur ces ouvrages a diminué depuis un siècle : l'équipement électrique a été maximal entre 1890 et 1940, puis a décru après guerre en raison du fossile bon marché, de la grande hydraulique suivi du nucléaire. (Que cette évolution du mix énergétique représente un gain environnemental est pour le moins sujet à débat, tout le monde en conviendra). Il n'y a que 10% des sites moulins/usines en usage selon les Agences, donc 90% sont devenus transparents en dévalaison (ni mortalité ni morbidité). Il paraît difficile de considérer de façon très générale que cette pression-là a augmenté (au contraire de la moyenne et grande hydrauliques sur la même période 1890-présent). Mais il paraît nécessaire (ce qui est fait pour l'anguille) d'observer où sont les blocages en fleuves et affluents en tenant compte de l'évolution d'ensemble du patrimoine hydraulique.
  • A noter que le turbinage sur ces petits sites est indifférent au problème de la montaison : l'abondance de l'anguille au XIXe siècle, par exemple, est peu compréhensible si les seuils sont un facteur-clé de raréfaction vers les têtes de bassins versants. On reconnaît à ce que j'ai lu que les populations d'anguilles ont connu un point de basculement vers les années 1970-80.
  • L'effet de synergie existe sans doute… mais encore faut-il le mesurer. On fait cela dans toutes les sciences, par exemple le réchauffement n'est pas seulement l'effet du CO2 mais aussi bien du CH4 et autres GES, des rétroactions H2O et albédo, de l'usage des sols (déforetaton-urbanisation-cultures), des transferts gazeux de la pompe océanique, etc. Donc on ne se contente pas de dire vaguement "il y a plein de facteurs", on quantifie ces facteurs par modèle et on décide (ou essaie de décider…) en fonction des priorités découlant des impacts relatifs de chaque facteur. Donc d'une manière ou d'une autre, sur la vingtaine d'espèce piscicoles protégées à divers titres, il faut bien que l'ichtyologie et l'hydro-écologie parviennent à des réponses claires : quel est le niveau de la dégradation (population, génétique), quelle est sa chronologie, quelles sont les causes majeures et mineures, où sont les "points noirs" à synergie et effet de seuils sur ces causes, etc. Ce travail serait-il fait qu'il n'y aurait pas vraiment débat, en tout cas un débat très différent.
  • Sur le transit sédimentaire, la mesure est aussi nécessaire. Malavoi, un des meilleurs spécialistes français de la question, a par exemple analysé le BV d'une rivière locale (Armançon) pour conclure que le transit sédimentaire y reste correct, malgré une assez forte densité de seuils. Donc ne pas se satisfaire de déclaration de principe, mais mesurer (ce qui devrait être fait dans le compartiment hydromorphologie des mesures DCE), voir où sont les altérations majeures et agir en conséquence. Aussi être cohérent : VNF n'a aucun chantier continuité pour le plus grand barrage sur la rivière en question (Pont, 20 m, alimentation du canal de Bourgogne), difficile pour les pouvoirs publics d'expliquer ensuite que les seuils de moulins datant parfois des cisterciens, des chartreux ou des hospitaliers sont causes de dramatiques modifications du transit…
  • Nous n'avons pas d'objection à des concertations et actions sur le débit minimum biologique, sur le caractère ichtyophile des équipements (ou la prévention au niveau des grilles), etc. De même que sur les moulins souhaitant seulement jouir en usage privé d'un plan d'eau, nous n'avons pas grand chose à objecter au rappel d'entretien / demande d'aménagement des ouvrages dans le respect des milieux aquatiques. (Le malentendu du moulin "résidence secondaire sans obligation" s'est incontestablement installé dans les années 1970-1990). Notre opinion est qu'un moulin concerné par un usage énergétique sera aussi un moulin impliqué dans la qualité écologique : entretien des embâcles, des vannes, surveillance du niveau légal et du DMB, etc. (Accessoirement, les revenus même modestes d'une production permettent de cofinancer les dispositifs de transit et franchissement, dont nul n'ignore qu'ils peuvent être coûteux... il n'y aura pas de continuité écologique sans réalisme économique).
  • Après il y a un débat philosophique : la rivière est un milieu naturel, elle est aussi un patrimoine culturel, un paysage patrimonial, une ressource énergétique et économique, etc. Il est tout à fait légitime de souhaiter la "renaturation", comme il est légitime de souhaiter autre chose : principe démocratique de diversité des points de vue (et débat fondamental hélas inexistant). Nous espérons simplement que chaque position possède une certaine cohérence logique interne : renaturer, ce n'est pas seulement supprimer le plus visible (un seuil en lit mineur) mais adresser toutes les altérations du bassin versant. Ce qui n'est pas fait, alors que les pollutions chimiques / physicochimiques sont considérées comme prioritaires en Europe. Par ailleurs, vous comprendrez sans doute qu'un territoire rural n'a pas nécessairement envie de devenir une réserve biologique que les urbains viennent visiter le week-end… Pour ma part, j'espère que l'on arrivera à valoriser le patrimoine hydraulique tout en éliminant ses impacts hydrologiques les plus sévères. Et surtout à mobiliser les citoyens (quelle que soit leur vision) sur l'eau comme bien commun.

a poisson (non vérifié)

mer 27/02/2013 - 11:34

La recherche sur ce qu'est un optimum de restauration existe et l' Irstea contribue activement aux travaux concernant les impacts des activités humaines sur les cours d’eau et les options de restauration les plus efficaces à mettre en œuvre en cas de dégradation. Il est évident que l’efficacité des mesures de restauration visant à réhabiliter les cours d’eau en terme hydrologique et/ ou morphologique restera limitée, si la qualité chimique des eaux est insuffisante.

Cependant cet axe est loin d'être oublié contrairement à ce qui pourrait ressortir du message précédent, il suffit de regarder le le 2e rapport annuel sur la mise en oeuvre de la stratégie nationale du développement durable qui montre les efforts déjà accomplis (voir page 114: diminution par deux des indices en ammonium, orthophosphates et DBO, seuls les nitrates restent stables)

Par ailleurs, 41,5% des masses d’eau de surface sont en bon ou très bon état écologique fin 2009. L’objectif est d’ici 2015 d’atteindre un bon état écologique pour 66 % des masses d’eau. Cet état écologique n'est pas une fin en soit, de la santé des écosystèmes dépend le bon fonctionnement de ceux ci et leur résilience aux changements dont le chgt climatique. Il existe des effets de seuils (température, oxygénation) qui peuvent annihiler des populations aquatiques sur des tronçons et c'est le bon état des connectivités qui permet la recolonisation de ces espaces (cf ce qui a pu se passer en 2003 avec des assèchements de cours d'eau).

Ce changement climatique prévoit notamment une diminution moyenne de 30% des débits moyen annuel avec des assèchements des têtes de bassin versant en été comme cela a pu se passer en 2003. Au delà de l'aspect écologique (augmentation des phénomènes d'eutrophisation et mortalité et déplacement de la distribution des communautés aquatiques), la rentabilité des installations hydroélectrique risque de s'en trouver modifier. A mon sens il y a un intérêt à rechercher à équiper le minimum d'ouvrage mais sur les rivières ayant un maximum de débit afin d'avoir une production digne de ce nom à mettre en face des dégradations écologiques engendrées.

La rentabilité actuelle est due a un prix artificiellement déterminé pour encourager la production des ENR. Cependant, ce n'est pas parce que la rentabilité économique existe pour le microproducteur qu'il y a pour autant une rentabilité à l'échelle française de développer les toutes petites installations. Le Conseil d’Etat rappelle dans L’Eau et son Droit, 2010 :

« On attend aussi beaucoup du progrès technique sur deux points : des turbines de nouvelle génération capables d’augmenter de 30 % le rendement des centrales existantes et des microcentrales mettant en œuvre de petites turbines, dont la production serait standardisée, sur de très faibles hauteurs de chute (2,5 m). Mais ces dernières suscitent de sérieux doutes quant à leur utilité : contribuant peu à la production finale et ne présentant aucun intérêt en termes d’effacement des pointes, elles seraient surtout promues par des petits producteurs indépendants, souvent installés en haute vallée et avides d’accéder à la rente découlant de l’obligation d’achat – à un tarif trop élevé selon certains – par EDF de l’électricité produite et dégraderaient un peu plus la morphologie des cours d’eau à rebours de la ligne directrice qui est désormais d’améliorer leur continuité. »

Par ailleurs, si l'on sait qu'une éolienne de 2,5 MW équivaut à environ 25 petites installations de 100kw, il serait intéressant de faire un bilan comparé écologique/économique de la rentabilité et des impacts.

L'argument du territoire rural réserve biologique des urbains est un peu populiste sachant que le bon état est recherché indifféremment du contexte (rural urbain).

Le dernier point que je voudrais développer est le fait que rechercher la production décentralisé de multiples petites unités plutôt que de quelques moyennes (supérieures à 1500 kw) ou grosses unités n'a pas de sens en France (contrairement aux pays en voie de développement) puisque le réseau est unique et centralisé -> une commune rurale ne va pas autoconsommer son électricité car elle ne pourrait pas faire face au besoin de ces concitoyens ni en pointe ni en période calme.

Dans un monde sans soutien artificiel du prix d'achat de l'électricité, les moyennes unités produisant au fil de l'eau ne permettant pas de répondre aux besoins de pointe restent moins valorisables que les grosses unités qui stockent et relarguent aux heures de pointe et permettent de remplacer la production d'énergie de pointe produite par des centrales gaz ou charbon.

Champetier (Hy… (non vérifié)

ven 01/03/2013 - 01:02

Bonsoir

Par ailleurs, 41,5% des masses d’eau de surface sont en bon ou très bon état écologique fin 2009.

Hum, le CGDD reconnaît quand on lui demande que la plupart de ces qualifications sont en confiance moyenne à faible, car l'état écologique n'a pas été analysé par l'ensemble des mesures requises par la DCE 2000. Un "avis d'expert" ou un modèle "pression-impact" ne remplace pas une mesure.

De manière générale, Delphine Batho a demandé un audit transparent des données sur l'eau dans l'année. Attendons de pouvoir l'examiner en détail.

La rentabilité actuelle est due a un prix artificiellement déterminé pour encourager la production des ENR.

En moyenne 10 centimes le kWh de petite hydraulique... vous voulez comparer avec le kWh solaire ? Ou avec l'hydraulique marine fortement soutenue par le ministère de l'Ecologie (alors que ses coûts sont autrement plus importants : moindre rendement des dispositifs immergés, matériaux complexes pour faire face à la corrosion et au fouling, problème de l'ancrage et de la maintenance, construction de réseau de transport sur les côtes…)

Par ailleurs, le tarif de rachat hydraulique français est inférieur à ce qui se pratique en Allemagne, en Italie, en République Tchèque et dans quelques autres pays européens. (Plus largement, il n'y a que les Français pour imaginer que l'on peut faire la transition énergétique sans une hausse substantielle du prix du kWh.)

Par ailleurs, si l'on sait qu'une éolienne de 2,5 MW équivaut à environ 25 petites installations de 100kw, il serait intéressant de faire un bilan comparé écologique/économique de la rentabilité et des impacts

Une éolienne de 2,5 MW a un facteur de charge de 0,2 en moyenne, celui de l'hydraulique correctement conçue est plutôt 0,8. Mais au demeurant, il y a un important potentiel éolien en France, cela ne fait aucun doute.

rechercher la production décentralisé de multiples petites unités plutôt que de quelques moyennes (supérieures à 1500 kw) ou grosses unités n'a pas de sens en France (contrairement aux pays en voie de développement) puisque le réseau est unique et centralisé -> une commune rurale ne va pas autoconsommer son électricité car elle ne pourrait pas faire face au besoin de ces concitoyens ni en pointe ni en période calme

Beaucoup de moulins équipés autoconcomment, sans passer par le réseau communal. Que le réseau soit unique, c'est une obligation pour une énergie qui se stocke mal ; que la production soit centralisée, c'est en train d'évoluer car pour le coup, aucune des énergies non nucléaire non fossile n'a de forte densité (surfacique, volumique, massique), donc leur étalement sera la règle.

Le système électrique français a été mis en place en 1945 à la rencontre de divers intérêts de l'époque (le modèle social communiste, la volonté de grandeur gaulliste, l'exigence du patronat d'une énergie abondante) et du choix des ingénieurs. Rien ne suggère que nous avançons vers son maintien — le principe même des smart grids consiste à contraire à mettre un maximum de diversité dans la production et de souplesse dans la consommation, par une intelligence distribuée plutôt que centralisée.

Dans un monde sans soutien artificiel du prix d'achat de l'électricité, les moyennes unités produisant au fil de l'eau ne permettant pas de répondre aux besoins de pointe restent moins valorisables que les grosses unités qui stockent et relarguent aux heures de pointe et permettent de remplacer la production d'énergie de pointe produite par des centrales gaz ou charbon.

Grosses unités = gros dommages. Pour soutenir vraiment le réseau aux pointes, il faut d'une part une réserve d'eau substantielle qui noie les vallées amont, d'autre part un fonctionnement en éclusée qui n'est pas vraiment propice à l'équilibre aquatique. Entre le black out et les frayères, le choix est vite fait.

(Dans un monde sans "soutien artificiel" à l'atome depuis 50 ans, nous n'aurions pas 75% de notre électricité par ce biais, notez bien. La notion d'une énergie en "marché naturel", je n'y crois pas trop.)

Je n'ai aucune difficulté à reconnaître que la puissance de la micro- et pico-hydro (< 150 kW) est modeste, même quand on prend en compte le grand nombre de sites exploitables. Au mieux, on arriverait sans doute à un réacteur nucléaire, soit environ 1000 MW. Mais notre énergie finale consommée provient à 69% du fossile (eh oui, nous ne sommes pas si différents des autres dans notre dépendance), et encore ce calcul des données annuelles de l'énergie du ministère n'intègre pas l'énergie grise importée dans les biens (nous sommes censés relocaliser la production pour des circuits courts, mais cela relocalise de facto l'énergie nécessaire à cette production, qui vient aujourd'hui en bonne part du charbon asiatique. Pratique de polluer par procuration, mais pas durable du tout).

Donc la substitution du fossile, notamment celui des hydrocarbures dans le transport et le chauffage, demande des quantités gigantesques d'énergie alternative, quantités qui à mon sens ne permettent pas du tout le luxe de choisir entre les ENR.

PS : pour les données climatiques, la diminution du tiers des débits m'étonne. Sauf éventuellement projection 2100 dans le Sud de la France. Mais si c'est le cas, ce n'est pas le bon calendrier, l'hydraulique se choisit en général sur des projets de 20 ans (même si certaines turbines tournent encore après 100 ans).