Rivières torrentielles - quelles alternatives à l'enrochement?

Anonyme (non vérifié)

mer 22/04/2009 - 14:35

Bonjour,
Je cherche des exemples et expériences menées sur des rivieres torrentielles pour lutter contre les inondations et restaurer les milieux sans avoir recours à des protections en dur (oubliez le genie vegetal, ca ne resiste pas). Dans une vallee etroite et tres aménagee, subissant des crues violentes et très chargées en sédiments, je ne vois pas trop d'alternatives pour protéger les populations. Beaucoup de torrents ont des plages de depots qui posent des problemes de recharge sedimentaire à la riviere. Le ralentissement dynamique n'est pas adapté (étude à l'appui), élargir le lit provoquera des atterrissements locaux (avec problème de curage) et un risque d'incision en aval.
Il est de lus en plus difficile de financer des travaux lourds de protection; construire des digues ne permet pas de respecter le fonctionnement de la riviere, reporte les problemes à l'aval et procure un faux sentiment de securite.
Comment appliquer, dans les milieux torrentiels, la politique nationale et europeenne conçue pour les rivieres de plaine?
merci de votre aide
Anne

VALÉ Nicolas (non vérifié)

mar 12/05/2009 - 14:24

Bonjour,

Nous nous posons les mêmes questions. Pour y répondre, l'ARRA monte actuellement un projet européen en partenariat avec la Région Rhône-Alpes et le CEMAGREF notamment. L'objectif est de développer les techniques de génie végétal en rivière de montagne, en s'appuyant principalement sur les expériences menées à l'étranger. Plusieurs chantiers pilotes devraient être mis en place en Rhône-Alpes, en Franche-Comté et en Suisse dans un objectif démonstratif et expérimental (Cf. "Projets en partenariat").

Il semble que des alternatives au "tout enrochement" existent, même pour des rivières torrentielles. Je parle ici de protection des biens et des personnes et non spécifiquement d'inondation. De nombreux exemples démontrent l'efficacité du végétal ou du mixte sur des cours d'eau très dynamiques.

En premier lieu, les "ouvrages bois" sont assez largement utilisés sur les cours d'eau pour la protection de berges ou la stabilisation du fond du lit. Les services RTM ont longtemps travaillé avec ce type de techniques voire même avec des techniques végétales du type clayonnage (Cf. torrent de l'Echarina en Isère, 1903). Ils sont encore utilisés aujourd'hui de façon ponctuelle (Cf. ONF - UT Taninges, 74, qui utilise des caissons à simple paroi). De bons exemples de réalisations en ouvrages bois sont disponibles dans l'inventaire réalisé l'an dernier par l'ONF RA avec l'aide de l'ARRA (déjà diffusé aux syndicats de rivière ; disponible sur demande). Par ailleurs, les réalisations du SYMASOL (74) sont également exemplaires dans ce domaine (sur le Pamphiot à Allinges notamment).

Plusieurs exemples Autrichiens et Italiens (Sud Tyrol) démontrent que les techniques de génie végétal pur sont parfois tout aussi efficace (voire plus) qu'un simple enrochement (Cf. doc séance des journées "Génie végétal" de fin 2008, intervention d'André Evette, CEMAGREF). La résistance d'un ouvrage en matelas de saules est en effet plus faible dans les premiers temps suivant sa réalisation que celle d'un enrochement mais elle atteint des valeurs plus importantes au bout d'un an à un an et demi (300 N/m² contre 250 N/m² pour l'enrochement) (Cf. plusieurs ouvrages scientifiques dont Schiechtl, 1996 et Terni, 2003 ; pas de traduction française).

Grâce aux résultats de ce projet, nous espérons pouvoir vous faire changer d'avis sur le génie végétal. Mais pour cela il faudra encore patienter deux ou trois ans...

J'espère vous avoir apporté quelques éléments de réponse et des pistes pour approfondir votre réflexion.

Cordialement,

Nicolas

elisabeth (non vérifié)

ven 05/06/2009 - 06:21

Au fond de tout ça, il ne faudrait pas sacrifier le génie qu'il soit végétal ou physique parce qu'il n'arrive pas bien (pas résistant ou trop dénaturant selon les choix), à préserver le "naturel" d'une rivière dont l'espace de liberté a été anthropisé sans retour possible en arrière..
La seule solution sera d'enlever les biens exposés... Je ne comprends pas la difficulté de financer des protections parce qu'elles sont minérales... les torrents de montagne ne sont pas forcément très "verdoyants"... L'enjeu n'est-il pas de démontrer qu'on a examiné toutes les alternatives (dont réduire la vulnérabilité à l'aléa) et de défendre le meilleur compromis....