Concurrence BE/Services de l'état

Anonyme (non vérifié)

mar 22/05/2007 - 11:38

Bonjour à tous,

Je sollicite vos avis, vos opinions quels qu'ils soient sur un sujet sensible et de plus en plus fréquent.
La question est : la participation des services de l'état aux réponses aux AO est-elle saine et loyale vis à vis des BE privés?
J'espère vos réactions OBJECTIVES et SEREINES. Merci de laisser les partis pris et la passion de côté!
Enfin, j'illustre mon propos par exemple récent. Le SIBG (26) a retenu le RTM pour réaliser une étude géomorphologique (diagnostic+schéma d'orientation+plan de gestion) sur 80km de cours d'eau ; pour 27 000€ environ.....gloups!
Un BE sérieux doit être aux alentours de 50 à 60 000€....comment faire? Il est impossible de "s'aligner"! A terme, ces situations ne vont-elles pas tirer les prestations des BE vers le bas? Ce type d'étude nécessite de la précision et des investigations importantes....27000€, c'est une blague! Dans le même temps, vous pouvez consulter sur ce site une offre de stage du RTM. Celle-ci consiste à travailler sur l'étude géomorphologique de la Galaure (j'en ai la confirmation).....le tout bien entendu pour 1/3 de SMIC par mois.
En d'autres termes, et permttez-moi de forcir le trait : dans ce cas de figure, l'état auto-finance ses services en décrochant un marché au rabais et en proposant à un étudiant stagiaire de réaliser l'étude pour 300€/mois.
Merci de m'avoir lu et soyez certain que ne souhaite pas attiser une polémique, mais bel et bien provoquer un échange de points de vue constructif.
Vous m'accorderez de rester anonyme. Merci.

sophie LEBROU … (non vérifié)

mar 22/05/2007 - 11:55

Bonjour,

Je peux comprendre votre désapointement.
Néanmoins, c'est aussi à la collectivité ou à l'EPCI de faire la part des choses.
Tout d'abord, l'enveloppe financière faite par elle, peutêtre n'envisage t-elle pas la même précision que vous et que le prix proposé par le RTM n'est pas anormalement bas...
Ensuite, le critère prix n'est pas le seul regardé d'habitude mais la qualité d'ensemble. Je ne connait pas les propositions, le contexte etc donc difficile de se prononcer. Peut être que les références sont jugées suffisantes pour le RTM avec la présence d'un encadrement correct autour du stagiaire.
Enfin, la pratique du stagiaire, par expérience, se pratique aussi en bureau d'études. Donc, là aussi difficile de juger le rendu obtenu. De même, le maître d'ouvrage aurait très bien pu prendre un stagiaire en interne s'il avait voulu pour faire l'étude généralement qui lui coute peu car le stagiaire pour le coup n'est pas forcément rémunérer.
Après c'est un choix, une conception... que l'on approuve ou pas.

un chargé de mission (non vérifié)

mar 22/05/2007 - 13:33

Bonjour,
J'abonde dans votre sens pour penser que la concurence de l'état est déloyale vis à vis des bureaux d'étude privés. Mais de mon expérience, la prestation proposée par les services de l'état est de piétre qualité par rapport à celle d'un privé sérieux. Maintenant, c'est à chaque collectivité de savoir ce quelle veut: économiser trois sous pour avoir une étude inexploitable ou payer un jusye prix pour une prestation correcte.
Malheureusement, un élu voit souvant en premier lieu l'intéret de son porte feuille!
Maintenant, pour relativiser mon discours, la qualité des be des services de l'état varie certainement d'un département à l'autre.
Mais toutes les études réalisées par des services de l'état que j'ai pu suivre (bon, y'en a que trois) se sont révélées calamiteuses.
Voila pour ma petite expérience. Je précise pour finir que je suis Chargé de Mission dans une collectivité territoriale et que je préfere rester anonyme pour ne froisser personne!

Julie (non vérifié)

mar 22/05/2007 - 14:43

C'est un problème de fond très intéressant qui vient d'être soulevé.
Je pense qu'aujourd'hui, il existe une certaine confusion et on ne sait plus très clairement qui doit/peut se positionner et où...d'où l'émergence des services de l'Etat en réponse à des appels d'offre, avec des tarifs défiants toute concurrence. Je pense qu'effectivement, tout ceci n'est pas très sain et peut induire à terme un nivellement par le bas en terme de qualité de prestation (comment les BE peuvent-ils lutter pour rester concurrentiels? Et qui sait, peut-être que certains cas de figure pousseront des services de l'Etat à se concurrencer entre eux!). Il ne faut pas se voiler la face: comment un élu peut juger très précisément de la qualité du travail rendu? Il est très facile de mettre de la poudre aux yeux, de tout axer sur la communication et l'enrobage alors que l'étude peut se révéler complètement creuse (cette remarque est valable pour tous, y compris pour les bureaux d'études)!
L'argent reste le nerf de la guerre: c'est pour cette raison que dans la plupart des cas, le marché revient au plus offrant (si si!)...et c'est certainement pour cette raison que les services d'Etat se positionne là où il n'étaient pas forcément auparavant (les restrictions budgétaires, ça vous dis qqch?!).
En ce qui concerne l'exploitation des stagiaires (vaste sujet!!), il n'est pas plus excusable de confier l'étude à un stagiaire au sein d'une structure publique qu'au sein d'une structure privée qui va pouvoir se faire une marge confortable et qui elle, est là pour dégager un revenu...mais qu'importe, le stagiaire est là pour apprendre, non?!

Quoiqu'il en soit, la force, et par là même la crédibilité, réside dans la qualité du travail (qu'il émane d'une structure privée ou publique)...il est très facile de se faire une réputation en bien ou en mal...et à terme, ça finira par toucher les élus, si tant est qu'ils soient pourvus d'un minimum de discernement et d'écoute vis à vis des services techniques compétents.

Encore une fois, c'est un sujet fort intéressant alors n'hésitez pas à venir l'enrichir avec vos points de vue!

Julie

anonyme (non vérifié)

mar 22/05/2007 - 17:52

"l'état [...]décrochant un marché au rabais et en proposant à un étudiant stagiaire de réaliser l'étude pour 300€/mois."

Les bureaux d'études ont la même politique et s'enrichissent grâce à des stagiaires...

D'autre part, la concurence déloyale peut-être pointée du doigt... Encore faut-il que le bureau d'étude se décide à porter plainte...

aucun (non vérifié)

mer 23/05/2007 - 09:09

Ce n'est pas le ton du post....

Tant qu'il y a… (non vérifié)

jeu 24/05/2007 - 07:23

Si on se place d'un point de vue très pragmatique, l'essentiel reste que le boulot soit bien fait... Je suis d'accord pour dire que c'est rare avec les services de l'état, à personnel souvent non spécialisé ou non récemment formé, donc moyennnement productif. En plus ces structures ont encore un gros manque d'expérience dans le domaine.

Malheureusement c'est plus que dans l'aire du temps. certains EPCI ont obliguation de résultats et seulement 80% de leur buget defonctionnement leur est alloué ; à eux de trouver le reste. Pour ce qui est de la concurence entre EPCI sur les cours d'eau, j'ai déjà un exemple sous la main.

Bref, fonctionnement peu efficace pour l'instant et àmon sens peu souhaitable (cf notion de service publique).

N'y a t'il pas espoir que les récentes élections changent la donne ???

Luc Collange (non vérifié)

jeu 24/05/2007 - 10:49

Il me semble que beaucoup incombe aux collectivités territoriales dans la rédaction des marchés publics, à savoir:
- une bonne définition du besoin
- une définition très précise du cahier des charges et des prestations attendues
- une estimation précise ( qui le sera d'autant plus que le CCTP sera précis ) du coût de l'étude ou travaux avec une décomposition des prix
- un choix pertinent des critères d'analyse des offres
- un choix ( stratégique s'il le faut ) de la pondération ( privilégier l'offre technique et sa qualité place en priorité le contenu de la prestation et non pas le prix )
- de la précision dans le mémoire technique ( être exigent ) qui prendra un poids important dans l'analyse des offres
- exiger dans le marché la liste des intervenants leurs compétences et leurs qualifications et rendre contractuelle cette liste ( ne pas refuser les stagiaires mais demander qu'ils soient encadrés de façon sérieuses ).

Bien entendu, après il reste l'article 55 du CDM pour demander la décomposition des prix pour les offres anormalement basse...

et beaucoup de courage pour:

- d'une part convaincre les élus du bien fondé d'un tel vérrouillage

- pour rédiger toutes ces pièces qui exigent de nombreuses et éclectiques compétences

be privé 2 (non vérifié)

jeu 24/05/2007 - 15:54

Moi, au delà de la persistance des services de l'état (DDE, DDAF) ou de l'apparition de structure publiques dans les marchés (ONF), ce qui m'inquiète c'est la baisse continuelle des prix d'études.

Cette baisse est autant due à l'apparition de ces nouveaux acteurs qu'à la conccurence démentielle à laquelle se livrent les prestataires privés.

Cela devient difficile de gagner sa vie en faisant des études cours d'eau, lorsqu'elles sont vendues aux tarifs indiqués ci-dessus.

Ou alors il faudra dans l'avenir tricher : pas de parcours exhaustif de terrain, pas de carto diagnostic, ou analyse réduite à sa plus simple expression.

Le choix du moins-disant par les maître d'ouvrage est d'autant moins justifiable que bien souvent ces études sont financées à 80% par les agences de l'eau...

GALLIEN Elisabeth (non vérifié)

lun 25/06/2007 - 08:58

La réponse du RTM a attisé ma curiosité et je réagis aux échanges du mois de mai dernier.
J'ai connu la fin d'une époque où l'ingénierie publique était omniprésente.
Il me semble moi que la qualité des experts prime avant tout sur le débat public/privé et que l'explosion du secteur privé a permis surtout d'éviter la pensée unique.
Mais je suis certaine que le coût des études a augmenté plus que le coût de la vie, parfois presque *6,55957(on nous évalue en euros ce que ça coûtait en francs souvent !)... certes avec des missions plus complexes et au début effectivement plus ouvertes sur la gestion globale de la ressource (gros cloisonnement des compétences lié au corporatisme dans les administrations) ... mais une expertise privée tellement moins près de la connaissance terrain (qui effectivement ne se facture pas toujours)...
Je pense que nous sommes dans une période charnière, avec la décentralisation des compétences vers les collectivités mais pas la matière grise (question d'échelle),
alors qu'on a dans les administrations départementales des personnes qui connaissent encore très bien le terrain...Il n'est pas sûr qu'on ait le même niveau d'expertise ensuite. Aussi je suis convaincue que nous allons revenir à plus de maîtrise d'oeuvre publique en régie au sein des intercommunalités... Car la différence de prix entre privé et public n'est pas simplement liée au coût du travail mais tout ce qu'il y a autour... Je sais que tous les chargés d'études ne sont pas à la même enseigne mais je pense que nous pouvons comparer les frais de déplacement et les salaires de 2 séniors entre public et privé. Pour sortir de l'hydraulique, avec 800 euros la journée d'un conseil juridique, pour le prix de 4 jours j'ai largement un salarié compétent pour 1 mois en collectivité... Je pense donc pour des raisons de maîtrise de la dépense publique que les collectivités vont mutualiser à l'échelle départementale des services, économisant en plus la lourdeur de la procédure de marché public...
Mais en écrivant cela j'ai l'impression d'être d'arrière garde et tellement "fonctionnaire" qu'il se peut que mon jugement soit un peu conditionné !!!

Mireille Boyer (non vérifié)

mer 27/06/2007 - 13:06

Je réagis à ce débat sur l'évolution récente du coût de la matière grise. La productivité en bureau d'études a énormément augmenté grâce aux outils informatiques et le prix des études a donc en réalité nettement baissé depuis 30 ans. Ce "produit" s'est donc démocratisé et l'offre de services a fortement progressé. Mais en même temps, le coût du travail augmente et se répercute directement sur le coût des études. Les missions sont aussi devenues plus difficiles, car plus complexes et plus risquées en terme juridique, et parce que les commanditaires mieux formés, sont aussi beaucoup plus exigeants (et c'est tant mieux).

En fait, le prix des produits industriels a tendance à baisser (voir tout ce qu'on peut s'acheter aujourd'hui et qui semblait inaccessible il y a 10 ans) mais le prix des services a lui tendance à augmenter – cf le prix du coiffeur, du restau, du garagiste, du pain, etc. - et pourtant toutes ces personnes n'ont pas le sentiment d'avoir un niveau de vie qui progresse nettement -.

L'ingénierie n'échappe sans doute pas à ce phénomène.

Amicalement. Mireille